Témoignages de Parents #1 Les troubles de la concentration chez les enfants
Publié le
05/02/2019
Chez les Enfants Roy nous souhaitions donner la parole à des supers héros et héroïnes du quotidien : les PARENTS
Dans chaque interview, vous retrouverez un témoignage de parent, son expérience, sa vision des choses, son parcours atypique, des bribes de sa vie extra-ordinaire. Nous espérons que ce petit format vous plaira et peut-être que ces parents vous aideront à y voir plus clair.
ENJOY !
Aujourd’hui, nous rencontrons Carole, maman d’une fille de 13 ans qui souffre de troubles de la concentration depuis sa plus tendre enfance.
Q. Comment tu t’es rendu compte que ta fille souffrait de ce trouble ?
Nous en avons réellement pris conscience à partir du CE1. Il s’agit d’une année charnière où les enfants apprennent les bases en grammaire ou en mathématiques qui vont les accompagner toute leur scolarité.
Et c’est cette année que les contraintes commencent. En effet, les années précédentes (maternelle ou CP), les enfants sont encore dans des activités d’éveils sur le monde qui les entoure.
Dès que cela a commencé à devenir plus « sérieux », nous avons senti que notre fille avait du mal à apprendre et à retenir les notions et les règles. Et elle avait surtout beaucoup de mal à se concentrer en classe et sur ses devoirs.
Paradoxalement elle était très à l’aise dès qu’il s’agissait d’apprendre une poésie, écrire une petite rédaction, ou découvrir le monde des sciences.
Depuis toute petite, elle a toujours été un peu en rébellion et elle avait de grosses difficultés à nous écouter en général, ou à faire ses devoirs, et cela provoquait beaucoup de crises à la maison.
Notre expérience de parents était pourtant totalement différente avec notre fille ainée. Nous avons donc compris que quelque chose clochait.
Q. Comment as-tu appréhendé le problème ? Quelles solutions as-tu trouvé ?
Avec son papa, nous avons tout d’abord réalisé en discutant avec d’autres parents, que notre fille n’était pas du tout la seule dans ce cas. De plus en plus d’enfants ont des soucis de concentration plus ou moins fort. Cela est probablement dû aux comportements vis-à-vis des écrans, et puis je pense que les enfants d’aujourd’hui ne sont pas vraiment comparables avec ceux d’avant.
Par ailleurs, les progrès de la médecine de la psychologie enfantine ont levé beaucoup de tabous… On n’est pas "cancre" par hasard ou par choix. Aujourd’hui on peut éviter à des enfants de rentrer dans le cycle infernal de l’échec scolaire. Donc nous avons fait un peu comme les autres parents dans ce cas, nous avons tout d’abord consulté des psychologues, ce qui a fait du bien à notre enfant, mais cela ne suffisait pas car ce type de problème peut être également physiologique ou génétique. Et nous avons choisi de passer des tests comportementaux plus poussés à l’hôpital. C’est comme cela qu’elle a été diagnostiquée TDHA : trouble déficitaire de l’attention sans hyper activité. Nous avons pris la décision de passer par la voie médicamenteuse, mais c’est une décision très personnelle, qui n’est pas anodine, et qui ne s’adapte pas à tous les cas.
Q. Comment ta fille l’a-t-elle vécu ? En a –t-elle souffert ?
Oui cela a été une grande souffrance pour elle, car elle se sentait décalée par rapport aux autres enfants en classe. Elle était dissipée et un rien, une mouche qui vole ou un bavardage, l’empêchaient de se concentrer. Et pour avoir une forme de reconnaissance sociale vis à vis des autres élèves, notamment à cause de ses mauvaises notes, elle s’était forgée l’image de la cancre rigolote de la classe.
Quand il s’agissait de faire ses devoirs à la maison, elle était épuisée des efforts de la journée et avait beaucoup de mal à se concentrer pour se mettre au travail. Pour elle, cela prenait des heures pour faire un exercice. Ce qui est également dommage c’est qu’elle adorait lire quand elle était petite, mais dès que l’école a commencé à lui imposer des lectures, elle a pris la lecture comme une nouvelle contrainte. Cette situation la faisait vraiment souffrir et nous souffrions aussi avec elle par ricochet.
Q. Comment cela a changé ton quotidien de Maman ?
Le fait de l’avoir diagnostiquée, nous a tous libéré et soulagé car nous pouvions mettre un mot sur ses maux. Cela a aussi apaisé les tensions à la maison. Nous avons mieux appréhendé son mode de fonctionnement. Comme par exemple de ne pas lui donner plusieurs consignes en même temps. Lui laisser du temps entre les actions car se sont des enfants qui ont besoin de souffler, d’avoir plusieurs pauses entre chaque "contraintes". Nous avons également appris à laisser couler quand elle pique une crise ou se fâche : faire comme si de rien n’était parce que ça l’aide à redescendre de sa colère plus vite.
Tout n’est pas toujours rose car la crise d’adolescence est arrivée mais nous sommes moins angoissés.
Q. L’école s’est-elle adaptée à ta fille ?
Oui heureusement. Cela a pris du temps à organiser, mais nous avons fait la demande officielle d’un tiers temps. C’est-à-dire que les professeurs lui donnent moins d’exercices lors d’un contrôle par exemple, pour lui permettre d’avoir plus de temps pour les faire. Car dans son cas c’est la multiplication de choses à faire qui la bloque et l’empêche d’avancer. Moins elle voit d’exercices sur la feuille moins c’est lourd pour elle pour tout terminer à temps. Les professeurs ont également pour consignes de la mettre au premier rang, pour l’empêcher d’être dispersée par les autres élèves, et pour l'aider ainsi à être plus focus et concentrée sur les cours.. Ils doivent également vérifier autant que possible qu’elle prenne bien ses notes et ses devoirs.
Q. Que conseillerais – tu aux mamans dont les enfants ont des troubles similaires ?
Déjà je leur conseillerai de ne pas hésiter à échanger avec d’autres parents, pour partager les expériences. Le meilleur moyens de faire leur connaissance est d'aller prendre un café, après les avoir déposer à l'école. Vous échangerez ainsi tous les bons plans et puis vous créerez sûrement de nouvelles amitiés.
Et puis bien sûr, il faut être à l’écoute de son enfant, tout en restant ferme. Il ne faut pas non plus se faire avoir par nos jolies têtes blondes, qui savent très bien nous retourner à leur avantage. Il faut surtout les aimer et les accompagner jusqu’à ce qu’ils trouvent leur chemin de vie.